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la mobilité électrique française

Une enquête d’opinion Ipsos vient de dessiner les contours de la mobilité du quotidien de demain : les Français sont très majoritairement attachés à la voiture, et souhaitent réduire leur impact sur l’environnement. La solution logique : la voiture électrique. Analyse des résultats.

Ils sont 4000 à avoir participé à l’enquête menée par l’institut Ipsos pour Vinci Autoroutes, du 25 au 31 mai dernier. Quatre mille personnes, dont neuf sur dix déclarent ouvertement vouloir être acteurs du changement, en réduisant l’impact environnemental de leur « consommation » des transports. Et c’est assez nouveau. Etienne Mercier, directeur du pôle opinion chez Ipsos, insiste dans son analyse sur ce changement de mentalité des Français : « 90% des Français souhaitent réduire l’impact écologique de leurs déplacements quotidiens, c’est assez fort. C’est là où il y a un véritable changement. Ce que les Français nous disent aussi, c’est que le premier moyen qu’ils plébiscitent, ce n’est pas de prendre plus souvent le vélo ou de faire de la marche à pied, c’est de se doter d’un véhicule électrique. »

Mobilité du quotidien : 68% plébiscitent la voiture électrique

Toutes les enquêtes d’opinion le confirment, année après année : la voiture reste le mode de transport le plus prisé par les Français. Neuf Français sur dix utilisent leur voiture au moins une fois par jour, neuf Français sur dix sont partis en vacances en voiture cet été… L’enquête Ipsos a apporté de nouveaux chiffres complémentaires à ces études : 79% des Français utilisent la route quotidiennement pour se rendre au travail (dont 70% avec leur propre voiture), 72% des Français partent en vacances en voiture (69% avec leur voiture personnelle, 3% en covoiturage)… Un quart des personnes interrogées pensent se déplacer plus fréquemment une fois que la crise sanitaire sera derrière nous, majoritairement en voiture, tandis que 18% déclarent également souhaiter partir toujours plus loin pour leurs séjours brefs, comme lors des week-ends. En résumé, l’utilisation de la voiture reste indispensable à la vie des Français, pour leur travail comme pour leurs loisirs, et à la vie économique du pays dans son ensemble.

La nouvelle étude Ipsos s’est surtout intéressée à la tentation de troquer les véhicules thermiques (essence ou diesel) pour un véhicule hybride ou 100% électrique. Et là, le changement de mentalité des Français est clair : 20% des automobilistes prévoient de passer à l’électrique dans les 5 prochaines années (soit pour le prochain renouvellement de leur voiture), et 48% y réfléchissent sérieusement.

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Primes à l’achat : 73% souhaitent des bonus XXL

Le principal écueil pour l’instant au passage du thermique à l’électrique reste le prix d’achat des véhicules. C’est pour cette raison que l’État a tenté ces derniers mois de séduire les futurs acquéreurs à coups de bonus écologiques et de primes à la conversion. En septembre 2020, le gouvernement avait délié les cordons de sa bourse en annonçant un grand Plan de relance de 100 milliards d’euros pour l’ensemble de l’économie française, relance voulue vertueuse et faisant la part belle à la transition énergétique. Sur ces 100 milliards d’euros, 11,5 milliards étaient destinés aux transports, dont 1,9 milliard aux aides à l’achat de véhicules propres.

« Les voitures individuelles sont aujourd’hui responsables d’environ 60% des émissions totales de CO2 du transport routier en Europe, souligne le ministère de la Transition écologique dirigé par Barbara Pompili. Développer la mobilité propre en encourageant l’acquisition de véhicules peu polluants est donc un levier essentiel pour atteindre la neutralité carbone en 2050 et réduire la pollution atmosphérique. » Depuis le 1er juillet, le gouvernement propose des aides à la mobilité propre « jusqu’à 5000 euros pour l’achat d’un véhicule électrique ou hybride rechargeable dont l’autonomie en mode électrique est supérieure à 50km, neuf ou d’occasion », assorties d’une « surprime d’un maximum de 1000 euros lorsque le bénéficiaire habite ou travaille dans une zone à faibles émissions (ZFE) et qu’il a bénéficié d’une aide similaire attribuée par une collectivité territoriale ».

Au total, si vous souhaitez acheter un véhicule 100% électrique, le cumul maximal des aides gouvernementales est de 11000 euros, en additionnant les 5000 euros (maximum) pour la prime à la conversion aux 6000 euros (maximum) de bonus écologique. Pour les véhicules hybrides rechargeables, le total maximal est de 6000 euros (5000 euros de prime + 1000 euros de bonus). Et les deux-roues ne sont pas oubliés, puisqu’ils bénéficient jusqu’à 1000 euros de prime auxquels s’ajoutent 900 euros de bonus écologique.

Malgré toutes ces aides publiques, l’étude Ipsos fait ressortir un chiffre : 73% des personnes interrogées souhaiteraient des incitations plus conséquentes. Mais il est peu probable que l’État fasse mieux dans le domaine, puisqu’il a au contraire réduit le bonus écologique pour l’achat de véhicules électriques le 1er juillet dernier.

transport la mobilité électrique

Bornes de recharge : 68% réclament un plus grand déploiement

Il y a en revanche un secteur où l’État pourrait faire plus, beaucoup plus même : celui du déploiement des bornes de recharge, essentielles pour convaincre les récalcitrants à passer à l’électrique.

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Pour Ipsos, la question des bornes de recharge est en effet cruciale : plus des deux tiers des personnes interrogées pensent qu’il faudrait davantage de bornes de recharge, bien réparties sur le territoire métropolitain, pour les convaincre de sauter le pas de l’électrique. « 68% des Français pourraient être incités à l’achat d’un véhicule électrique par la multiplication des bornes de rechargement, ajoute Etienne Mercier. Les actifs français expriment de fortes attentes à l’égard des infrastructures, services et équipements, notamment dans le domaine de l’électrique : 56% souhaitent des vitesses de charge plus rapides, 38% des tarifs de recharge plus avantageux, et 31% plus de bornes de recharge sur les aires d’autoroute. »

Qu’en est-il réellement sur le terrain ? Dans le budget du Plan de relance, le gouvernement n’avait prévu qu’une enveloppe de 100 millions d’euros pour la « généralisation » des bornes de recharge (500 stations devant être équipées d’au moins quatre bornes rapides de 150 kW), partout sur le territoire hexagonal. Cent millions, c’est trop peu au vu des besoins. Et malgré le plan Objectif 100000 bornes annoncé en octobre dernier par le ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari, la France peine à faire correspondre l’offre et la demande : de fait, la mise en place des 100000 bornes promises d’ici la fin de l’année est plus qu’hypothétique. Au 1er juillet, l’Hexagone ne comptait que 43 700 bornes dans l’espace public, selon les chiffres de l’Avere-France, dont les deux tiers à une faible puissance (14-22kW) et seulement 7,95% d’entre elles entre 24 et 130kW. « Une accélération paraît de plus en plus nécessaire au regard de la détérioration des ratios du nombre de véhicules par point de recharge », appelle Cécile Goubet, la déléguée générale de l’Avere-France. Sans compter la répartition très hétérogène sur le territoire : si la région parisienne par exemple est plutôt bien connectée, inutile pour l’instant d’aller en Corse ou dans le Cotentin avec votre voiture électrique…

A l’heure où l’État français affiche une volonté claire de transformation vers une économie propre et vers des modes de transport décarbonés, le secteur routier a donc besoin d’investissements massifs. Pour coller aux objectifs gouvernementaux mais aussi pour répondre aux attentes des Français. Malgré les effets d’annonce, la route semble donc encore bien longue.

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